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Le 6 août 2011, à l'occasion de la dénomination d'un certain nombre de rues, était organisée, à Fonteline, une manifestation (voir le compte-rendu dans la page Actualités) pour célébrer la mémoire de personnalités qui ont bien servi leur pays, que ce soit l'Etat ou la commune d'Allègre, et auxquelles le conseil municipal a considéré qu'il convenait rendre hommage de manière symbolique, mais bien réelle. Il a considéré que c'était aussi une façon de perpétuer leur souvenir et de les donner en référence, sinon en modèle, pour l'édification des générations futures.

Voici le portrait qu'en a dressé le maire, Jean-Luc Fraisse, maire d'Allègre.

 

Marie CHOSSEGROS 1894 (Allègre) - 1998 (69 Vourles)

Clodomir CHOSSEGROS 1896 (Allègre) - 1986 (Allègre)

  • Marie Besson suit sa scolarité à l'école primaire d'Allègre, puis au Lycée de jeunes filles du Puy où elle obtient le Brevet supérieur (équivalent du 1er bac). Elle rentre à l'école normale du Puy. A la sortie, elle est nommée à Varennes, de Monlet, où elle passe toute la 1ère Guerre mondiale.

En 1918, elle est nommée à Allègre, où elle restera en fonction jusqu'à la date de sa retraite, en 1951.

C'était une littéraire, une grammairienne distinguée et une passionnée d'histoire.

Elle fut, pendant de nombreuses années, la correspondante locale de L'Auvergnat de Paris.

  • Clodomir Chossegros, lui, était né au village de Besses, où il va à l'école primaire, avant de rentrer au Cours complémentaire d'Allègre.

Reçu à l'Ecole normale du Puy, il est appelé sous les drapeaux et mobilisé au sein du 86e RI. Téléphoniste, après chaque combat, il parcourt les lignes, un rouleau de fil électrique sur le dos, pour rétablir les liaisons. Il participe notamment aux batailles de Verdun et du fort de Douaumont. Il obtiendra la Croix de guerre avec étoile et 3 citations. Bien plus tard, il refusera la Légion d'Honneur.

A son retour de la Guerre, il suit sa formation d'instituteur. Il est nommé à Allègre où il fera tout sa carrière, jusqu'en 1951, en tant que professeur de mathématiques et physique ; il participera aussi à l'enseignement agricole.

C'était, lui, plutôt un scientifique, mais d'une curiosité encyclopédique qui l'amenait à s'intéresser aussi bien à la botanique qu'à l'astronomie ou à la philosophie.

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Entre les daux guerres, dans la cour du Cours compémantaire,
Clodomir (1er à gauche)
et Marie (avant-dernière, à droite) Chossegros

Il fut conseiller municipal de 1944 à 1953, et 1er adjoint à partir de 1945 (municipalité Marius Borie) et observateur local de la météo pendant un demi siècle.

Tous deux contribuèrent largement à l'excellence de la formation dispensée au Cours complémentaire d'Allègre, qui se traduisait régulièrement par des succès au concours d'entrée à l'Ecole normale.

On retient d'eux la droiture, la rigueur, la générosité, la passion pour leur métier.

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Marie et Clodomir Chossegrosont laissé un fort souvenir chez beaucoup d'habitants d'Allègre, tant chez leurs anciens élèves que parmi ceux qui, n'ayant pas eu la chance de les avoir comme instituteurs, ont pu apprécier la dignité et l'élévation morale de ce couple.

 

 

Emmanuel DIOUDONNAT 1905 (Allègre) - 1979 (94 Les Lilas)

Ancien maire-adjoint, mais aussi ingénieur et ancien prisonnier

  • Ecole primaire à Allègre

Etudes secondaires au Pensionnat Notre-Dame de France, au Puy.

Préparation au concours d'entrée aux Grandes écoles et admission à l'Ecole des Travaux publics de Paris. Il devient ingénieur des Travaux publics de l'Etat et occupe son premier poste dans l'administration des Ponts et Chaussées à Saint-Paulien où il réalise, notamment, la construction de la route de Saint-Paulien à Saint-Vincent.

Après la Guerre, sa carrière se déroule au ministère des Travaux publics où il délégué à la SNCF, en charge, notamment, de la région Est.

  • Mobilisé en 1939, en tant que capitaine du Génie, il est fait prisonnier et séjourne en Oflag à compter de 1940 où il connaît, comme d'autres, l'atmosphère de phalanstère de certains Oflag: pour tuer le temps, les prisonniers se dispensaient mutuellement des cours, chacun dans sa spécialité: le latin, le grec, le droit. Ca, c'était le côté agréable, qu'il évoquait. Mais ce qu'il ne rappelait jamais, c'était la dureté de la condition de prisonnier marquée par la faim et le froid.

Libéré par les Soviétiques, il est, en 1945, l'un des derniers prisonniers à être rentrés à Allègre, après un détour par Moscou.

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Le 21 octobre 1945 photo des ancien combattants

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Peu après la Libération, un rassemblement des anciens prisonniers : au 1er rang, au centre : Emmanuel
Dioudonnat (mains jointes) ; à sa gauche: Marcel Saby (chapeau sur le genou gauche) ;
au dernier rang, au centre : le Dr Gallaud (le plus grand)

 

Il fut décoré de la Légion d'honneur à titre militaire et nommé commandeur de l'ordre du Mérite militaire (décoration réservée aux réservistes, remplacée en 1963 par l'Ordre national du Mérite).

  • Adjoint au maire

Conseiller municipal de 1965 à 1971 ; maire-adjoint de 1971 à 1977.

On garde de lui le souvenir d'un homme extrêmement droit, un peu réservé ; très discret sur sa vie.

Il était très attaché à l'exercice de son mandat (nous en avons les traces ds les archives de la mairie) et à sa commune de naissance : il l'a défendue, a essayé de mettre son expérience à son service pour la faire vivre.

 

Emmanuel Dioudonnat a laissé le souvenir d'un homme extrêmement droit, un peu réservé, et très discret sur sa vie.

Il était très attaché à l'exercice de son mandat et à sa commune de naissance : il l'a défendue et essayé de mettre son expérience à son service pour la faire vivre.

 

 

Adrien Faure 1923 (Saint-Jeure) - 2008 (69 Pierre-Bénite)

Instituteur public ; directeur du Collège

Adrien Faure est un pur produit de la méritocratie républicaine : né en 1923 dans une famille d'agriculteurs, il suit l'école primaire dans son village natal, à Saint-Jeure, puis il va au Cours complémentaire d'Yssingeaux où il prépare le concours de l'Ecole normale du Puy, dont il sort en 1945 pour occuper son premier poste à Valprivat.

Ensuite, il est nommé à Sembadel-bourg, puis la direction du Cours complémentaire d'Allègre (1955-1971).

Dans ce poste, tout est à faire : le directeur pourvoit à tout, y compris à l'intendance, au sens propre du terme ; son épouse est la mère nourricière et l'intendante bénévole de l'école. Il donne là sa pleine mesure.

Son 1er combat, c'est pour la construction d'un Collège d'enseignement général à Allègre, et non pas ailleurs. Ce fut un grand, un beau combat dont le point d'orgue fut la manifestation qu'il organisa, le 29 avril 1964, dans la cours du CC avec le slogan suivant : « Une école vétuste, c'est un pays qui se meurt. Le Groupe scolaire d'Allègre, c'est le pays qui prospère ».

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29 avril 1964 : dans la cour du Cours complémentaire,
manifestation pour la construction d'un groupe scolaire

On ne dira jamais assez la chance exceptionnelle que constitue depuis la présence de cet établissement sur notre territoire. Et cette chance, nous la devons à lui, et à quelques autres..., mais surtout à lui.

C'est un ardent militant politique et syndical qui défend vigoureusement l'école laïque au moment où est votée la loi Debré.

C'est aussi un meneur d'hommes qui donne sa pleine mesure dans le monde associatif : à la présidence de l'Amicale laïque, il fait merveille, entraînant de larges couches de la population dans l'organisation des fêtes et manifestations, (kermesses, bals, etc.).

Il avait exercé, même si ce fut pour un temps très court, un mandat de conseiller municipal, ce qui supposait une élection (en 1971) qui témoignait, malgré le climat politique de l'époque, du rayonnement de sa personnalité et d'une action remarquable au sein de notre commune.

Mais, les circonstances voulurent que ce mandat fut de courte durée : il est parfois des promotions qui cachent des sanctions : en 1971, il est nommé directeur à Langeac et, en 1972, il est définitivement écarté du département puisque le ministère le nomme à Nogent-sur-Seine, ce que lui et son épouse vécurent comme un véritable déracinement.

En 1975, il est nommé au collège de Pierre-Bénite et, en 1978, il fait valoir ses droits à la retraite.

Il mettra à profit celle-ci pour écrire un ouvrage consacré à « Jules Vallès et la Haute-Loire », paru en 1994.

 

 

Henri GALLAUD 1909 (63 Jumeaux) - 2010 (Langeac)

Médecin et résistant

  • Médecin

Après ses études de médecine à Clermont, puis à Toulouse, il est médecin pendant 45 ans, soit de 1935 à 1980, dont 19 ans à Allègre (1935-1954).

A cette époque, les conditions d'exercice de la médecine étaient loin d'être ce qu'elles sont devenues : on faisait rarement appel au médecin : il fallait que les circonstances soient graves : il fallait répondre immédiatement ; il n'existait ni antibiotiques, ni pénicilline ; il n'y avait pas de sécurité sociale ; et les déplacements se faisaient en voiture, en moto, en cyclomoteur, en train, en gazogène, en traîneau, à ski ou..., tout simplement, à pied.

  • Résistant

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Mobilisé en 1939, fait prisonnier en 1940 et libéré, cette même année, en tant que médecin, en vertu des Conventions de Genève, le Dr Gallaud rentre à Allègre où il reprend son activité professionnelle.

  Ses sympathies sont connues et lui valent de recevoir, pour leur dispenser des soins, des membres réfractaires du STO présents dans les maquis du secteur de La Chapelle-Bertin, Saint-Pal-de-Murs, camp Wodli ou autres.

Il est de plus en plus fréquemment sollicité jusqu'à soigner les blessés des combats de Bourbouilloux du 20 juin 1944 qui furent ramenés et cachés à l'hôpital d'Allègre, avant de devoir fuir à Bar, pour deux d'entre eux ou d'être, pour un troisième, tant bien que mal, maquillé pour passer inaperçu parmi les malades, à l'approche des Allemands. Pour un quatrième, la blessure étant plus grave, il fallut organiser un transfert au Puy qui était périlleux et qui le fut effectivement : en effet, le gazogène conduit par le docteur, accompagné de la Sœur Bénédicte, rencontra, en haut de l'Ermitage, un barrage allemand qui contrôla les papiers des occupants du gazogène, à l'aller, et le fouilla, au retour, alors que le blessé n'y était plus ! Si cela avait été l'inverse, ils auraient

vraisemblablement été déportés et leur passager fusillé !

Il a obtenu, en 1954, la Médaille de la France libérée et, en 2004, la Légion d'Honneur (chevalier).

 

 Dr GallaudJ'ai personnellement rencontré le Dr Gallaud en 2006, alors qu'il avait 96 ans. Je voulais l'interroger sur la vie d'un médecin de campagne et sur la vie à Allègre avant-guerre, ainsi que sur sa participation à la Résistance.

De 9 heures du matin à 4 heures de l'après-midi, nous avons évoqué toute sa vie. J'ai été frappé par sa vivacité d'esprit et par un esprit curieux, tout entier tourné vers l'avenir, et aussi par une mémoire, rare chez une personne de cet âge. Il se souvenait de tout, citait les noms des personnes et les dates sans aucune hésitation, alors qu'il avait quitté Allègre depuis 52 ans !

 Henri Gallaud fut un homme très apprécié à Allègre, dont se souviennent encore les plus anciens.

Le conseil municipal a estimé que son dévouement en tant que médecin de campagne, sa participation à la Résistance, son rayonnement personnel méritaient que son souvenir demeure un exemple vivace pour les générations futures.

 

 

 

Renée ROZIER 1920 (Bellevue-la-Montagne) - 2007 (92 Neuilly-sur-Seine)

 

Résistante et déportée

Elle était née à Bellevue-la-Montagne, mais elle était très attachée à Allègre où elle avait gardé la maison de sa famille maternelle.

Elle suit sa scolarité primaire à Bellevue, où son grand-père, son père et sa mère avaient été ou étaient instituteurs. Elle fait ses études secondaires au Lycée de jeunes filles de la place Michelet, au Puy (qui deviendra le Lycée Simone Veil), avant d'entreprendre des études d'histoire-géographie à la faculté des Lettres de Lyon.

C'est dans cette ville qu'elle entre en Résistance (comme son père le fait au Puy), en 1941, d'abord et comme souvent, modestement, en distribuant des journaux dans le milieu étudiant. Puis, en 1942, elle entre dans le réseau Charrette, dirigé par Michel Cailleau, neveu du Général de Gaulle ; elle prend le pseudonyme de Marthe et a le grade de sous-lieutenant. Là elle déploie une activité intense et risquée (propagande, fabrication de faux-papiers, renseignement, liaison avec d'autres réseaux, organisation de maquis) qui lui vaut d'être arrêtée le 22 juillet 1943 et internée à Montluc, puis à Fresnes jusqu'à son départ pour l'Allemagne, le 15 août 1944, par le dernier convoi de déportés parti de France.

C'est alors l'internement dans les camps de Ravensbrück (camp de travail), puis de Bergen-Belsen (camp d'extermination), dans des conditions dont elle ne parlait jamais, sauf, en une circonstance, en 1995, au cours d'une conférence que lui avaient demandé de prononcer ses anciennes camarades de lycée.

Libérée par les troupes anglaises, en mai 1945, c'est le retour à Allègre, où elle est accueillie solennellement par la Comité local de Libération et par l'association des anciens prisonniers. Elle pèse 27 kg !

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Mai 1945 : retour de René Rozier à Allègre ;
à droite, Marcel Saby, président des Anciens prisonniers

Elle était titulaire de la Médaille de la Résistance française, seconde, et seule décoration créée, après l'ordre de la Libération, pendant la Guerre, par le Général de Gaulle. Elle était également officier de la Légion d'Honneur.

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2002 : Renée Rozier (au 1er plan)

Le conseil municipal a considéré, au moment où les acteurs de cette période disparaissent les uns après les autres, que cette action méritait d'être rappelée aux générations futures et aux habitants d'Allègre où une partie de votre famille a ses origines.

 

 

Marcel SABY 1910 (Connangles) - 1986 (Allègre)

Instituteur public, historien local et homme d'engagement

  • Instituteur public

Passé par l'Ecole normale, Marcel Saby a fait l'essentiel de sa carrière à Allègre, dans l'enseignement primaire, puis dans l'enseignement agricole, pour terminer sa carrière en tant que professeur de collège (mais dans les locaux de l'ancien Cours complémentaire). Dans sa pédagogie, il fut influencé par les techniques de Célestin Freinet.

Il a laissé un bon souvenir à ses anciens élèves, même si les oreilles de certaines personnes doivent encore s'en souvenir ! Ceux qui appartiennent aux générations les plus anciennes ont tous connus des instituteurs comme Marcel Saby : exigeants, sévères, mais justes.

  • Historien local

Il a conduit des recherches historiques pendant plus de 20 ans, aux Archives départementales comme dans les archives municipales et publié, outre de nombreux articles dans L'Almanach de Brioude, en 1976, un ouvrage sur « Allègre et son canton » qui fait toujours référence.

Il avait le souci le souci de retracer l'histoire et la vie au quotidien du peuple et de sortir d'une conception de l'histoire orientée vers une érudition un peu savante, pour ne pas dire aristocratique...

  • L'engagement dans la vie de la cité

Prisonnier de guerre et évadé (à la 3e tentative !), Marcel Saby fut, après la Guerre, l'un des principaux responsables de l'Association communale des Anciens prisonniers. C'est à ce titre qu'il organisa l'accueil de Renée Rozier à son retour de déportation.

rues-saby Responsable associatif, notamment au sein du Sporting-Club d'Allègre et de l'Amicale laïque.

Observateur minutieux de la vie locale (il nous a laissé des carnets d'observations très détaillés sur la vie de la commune),il fut correspondant local du journal « La Tribune » pendant de nombreuses années (là aussi, il a laissé un fonds photographique important).

Responsable de la station météo d'Allègre pendant de plus nombreuses années encore.

Militant politique et syndical.

Grand défenseur de l'école laïque.

Conseiller municipal de 1965 à 1983.

C'était quelqu'un de très apprécié à Allègre, un homme curieux de tout, habité par la passion de comprendre, très ouvert, très attentif à l'autre, spécialement aux jeunes

Il était estimé pour son sens de l'intérêt général, pour sa curiosité intellectuelle et son ouverture d'esprit.
Dans sa vie, Marcel Saby sut se conduire en homme d'honneur.

 

Le compositeur de "La Madelon" est venu plusieurs fois à Allègre

 

Camille Robert est né à Paris en 1872, c'est un compositeur et parolier. Il a été entre autre chef d’orchestre de l’Élysée. Mais ce qui a fait son succès est un "tube" de la Grande guerre de 1914-1918. C'est lui qui en effet a composé la musique de la fameuse chanson "Quand Madelon" (ou "La Madelon").
À l’origine destinée au music-hall et aux concerts de boulevards par le chanteur Charles-Joseph Pasquier, dit Bach, elle a un succès timide au départ. Mais portée par les chansonniers, elle entre dans les garnisons, s’installe dans les régiments… Elle devient la devise, l’hymne des poilus.
Quel rapport avec Allègre ?

 

Camille Robert y a séjourné à plusieurs reprises, précisément à Allègre où son fils tenait un restaurant. « Ma grand-mère était une excellente cuisinière, nous avait confié Francis Robert, l’arrière-petit-fils de Camille. Ils ont ouvert “La Vieille Auberge”, à Allègre, en 1946 et y sont restés jusque dans les années 54-55 ». La vielle auberge correspond actuellement au 47 rue du Mont Bar.

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Camille Robert
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